Le rire chez Rameau

Quelques remarques d’ordre général seront tout d’abord nécessaires, concernant le rire en musique. Il convient par exemple de distinguer entre imitation ou évocation de choses drôles, d’une part, imitation du rire proprement dit, comme objet sonore impliquant le corps, d’autre part. On peut, par ailleurs, se demander si une musique, de quelque style qu’elle relève, peut être drôle en soi, sans référence à quelque chose qui lui soit extérieur. On pourra ainsi scruter l’œuvre de Rameau de plusieurs points de vue. Au-delà du registre léger et gai présent dans le genre de l’opéra-ballet et dans la musique instrumentale, on abordera plus précisément le registre parodique dans le genre de comédie lyrique, par exemple dans Les Paladins (1760). Le cas de Platée (1745) fera l’objet d’une attention particulière, notamment parce que le rire y apparaît en tant qu’objet sonore, et aussi en raison de la nature du sujet et des circonstances de la création de l’œuvre.

Pierre Saby est professeur émérite en musicologie de l’université Lumière Lyon 2 et membre du laboratoire de recherche IHRIM (UMR 5317, CNRS/Universités de Lyon et Saint-Etienne). Auteur d’une thèse de doctorat consacrée au chœur dans l’œuvre dramatique de J.-Ph. Rameau, il s’est intéressé plus généralement, d’une part, au genre opéra (publication en 1999 d’un Vocabulaire de l’opéra), d’autre part, à la notion de classicisme en musique. Une part importante de ses recherches a été consacrée à l’esthétique musicale des Lumières, notamment dans l’œuvre scénique ou instrumental de J.-Ph. Rameau, ainsi qu’aux écrits sur la musique et aux œuvres musicales de J.-J. Rousseau. Il a étudié également le discours sur la musique dans la presse française du xviii^e siècle, et a travaillé sur la poésie fugitive et la chanson de la même période (publication en 2019 d’une anthologie de pièces en vers de Gabriel-Charles de Lattaignant)