Depuis une cinquantaine d’année, les chercheurs et les musiciens s’intéressent à la musique ancienne et à la façon de recréer et reconstituer les gestes du passé. C’est dans cette optique que nous nous intéressons aux tablatures de luth, qui contrairement aux partitions classiques, montrent directement au musicien le geste à faire sur l’instrument pour produire des sons.
Cette notation musicale particulière, très largement répandue à la Renaissance, permet aujourd’hui aux chercheurs et aux musiciens de s’approcher de la réalité sonore et musicale du xvie siècle. En effet, une grande partie des tablatures ne sont pas des compositions originales mais plutôt des adaptations de chansons polyphoniques très célèbres à l’époque, que chaque musicien connaissait et arrangeait à sa façon, à la manière de standard de jazz aujourd’hui. Ces tablatures offrent aux musiciens modernes des modèles pour improviser, jouer, et créer leur propre version de ces chansons de la Renaissance, et éclairent également les chercheurs sur les gestes et pratiques musicale du xvie siècle.
Ces tablatures ne sont donc pas seulement des traces du passé, mais aussi des outils permettant de comprendre et de redonner vie à ce répertoire aujourd’hui.
Professeure agrégée et doctorante contractuelle en troisième année de thèse sous la direction de Théodora Psychoyou et John Griffiths, Emma Spinelli travaille sur les mises en tablature de luth du répertoire polyphonique vocal au xvie siècle, en particulier à travers les deux recueils publiés à Lyon par le luthiste Jean-Paul Paladin.
Dans le cadre de son contrat doctoral, elle enseigne également la méthodologie, la formation auditive et l’initiation aux tablatures au sein de la licence musicologie de Sorbonne Université. Parallèlement à ses recherches, elle poursuit sa formation instrumentale dans la classe de luth, théorbe et basse continue de Monica Pustilnik au CNSMD de Paris.

