La poésie serait le langage de l’invisible, le mariage du conscient et de l’inconscient, l’art de suggérer. Au fil des mots, au fil de la sonorité des syllabes, de leurs couleurs, les accents, les coupes, les pauses, le mouvement, le rythme, des impressions, des sensations, des émotions vont apparaître. Un poème pourra faire surgir en nous des images, des couleurs, et parfois même un parfum.

Goethe écrira que la poésie n’est rien d’autre qu’une pensée dans une image. Voltaire quant à lui nous dira qu’elle n’est que musique et que pour la juger il nous faudra tout d’abord passer par l’écoute. Je ne peux qu’abonder dans le sens de Voltaire car le musicien que je suis sera tout d’abord sensible, dans une poésie, à son rythme, à l’agencement des strophes, à la richesse, aux sonorités des rimes. Cela passera par l’oreille avant que de l’atteindre le cœur, la pensée.

La poésie est musique, musique pure et pourrait se suffire à elle-même. Ce qui va être fascinant c’est de voir comment nos compositeurs vont s’emparer de ces mots, se les approprier afin de réécrire la partition, défiant par là même la musique interne d’un poème.

Quand Gabriel Fauré fait chanter les poètes, apprivoise quelques vers, quelques rimes afin de les soumettre à sa ligne de chant. Parcourir les trois manières de notre compositeur, des premières œuvres empreintes de charme, ce charme salonnard, ou Pauline Viardot jouera un rôle essentiel. Aller jusqu’aux ultimes opus ou l’écriture ira vers l’épure, vers le dénuement, ou Fauré se jouera de la dissonance sans se soucier de l’air du temps. Revisiter quelques poètes Baudelaire, Verlaine, Sully Prudhomme, Leconte de Lisle. Fauré et la mélodie, Fauré et le lied, Fauré face à ses contemporains.